je viens de lire la décapante et roborative chronique de Michel Desgranges ancien directeur des éditions Les Belles Lettes que je reçois à la maison chaque samedi vu que je me suis inscrit à leur liste de diffusion. C’est une merveille de causticité et de lecture iconoclaste des modes de la modernité, dans une langue élégante et une culture impeccable. J’y prends souvent un plaisir intense. Je pense qu’il est toujours possible de s’y inscrire. Je reçois la chronique sous cette adresse "chronique@lesbelleslettres.com". Si vous avez dix minutes de liberté pour lire un écran chaque semaine, inscrivez-vous. C’est gratuit et ça remue bien les méninges. La chronique de cette semaine traite de la nouvelle science du toucher thérapeutique et nous apprend par exemple que le toucher des seins chez les Baruya de Nouvelle Guinée (?) est une pratique à connotation sexuelle. Etonnant, non ? J’avoue que je vais essayer la méthode : je n’avais jamais pensé à la dimension thérapeutique de l’attouchement du seins... Dommage, non ? Alors, après vous être inscrit à la chronique et l’avoir lue soigneusement, testez les thérapies du toucher pour que 2008 soit sans douleurs, sans microbes et sans déséquilibre psychophysique (moi j’ai mis mes chakras sur off et depuis ça va bien mieux que si c’était pire.)

En dehors du toucher, la vue et l’ouïe sont aussi de bonnes voies d’accès au monde. Témoin l’excellente mise en scène de "Edouard II" de Christopher Marlowe (un contemporain de Shakespeare) vue hier soir avec l’option théâtre à Montluçon. Trois heures de spectacle qui passent comme un rêve éveillé devant nos yeux incrédules de constater que Marlowe nous raconte très exactement et avec toute la clarté souhaitable l’épopée du petit Nicolas tueur de ses soutiens, tueur de ses opposants, marieur à toute main, dilapideur des richesses du pays, et autres joyeusetés. J’en suis sorti en m’en frottant les paupières : "incroyable ! cette vieille barbe d’il y a quatre siècles était-il voyant extra lucide ? comment a-il pu jeter un oeil si acéré sur nos propores réalités !" Vous n’aurez certainement aucune occasion de voir ce petit chef d’oeuvre mis en scène par Anne Laure Liegois. Hélas pour vous... Mais vous vous souviendrez que Tonton Gérald vous en avait parlé dans une de ses chroniques du début du 21ème siècle...

Par contre, ce que vous pouvez, c’est lire le dernier roman de Cormac Mac Carthy, intitulé "La Route" et qui a obtenu aux States le prix Pulitzer. Ca vient de sortir. Ca coûte une vingtaine d’euros. Et ca restera éternellement dans vos neurones comme la référence absolue de l’écriture limpide d’un futur de moins en moins hypothétique que Marlowe pressentait un peu dans Edouard II mais que les puissants de la terre s’attellent à rendre réel, en y mettant tout le paquet.

C’était la chronique culturelle de Tonton Gérald. Les anti-culturels peuvent réagir. Surtout s’ils n’ont rien à dire (ce qui m’étonnerait) et en plus ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer son clapet (ne serait que pour bénéficier des miracles du toucher de l’air sur les muqueuses de la bouche ou du toucher des doigts sur le clavier...)

Sur ce, je retourne à mes écritures, pour changer...

Gérald