Ah, je suis assez d’accord avec le Monsieur qui parlait du son. Je suis sur la même longueur d’onde. Et même plutôt plus pointu. Pour moi, plus que le son, c’est la note. La note : la quintessence du son.
J’ai passé le plus clair de ma vie à la chercher. Mes premières trouvailles étaient magma de notes. Le Quatorzième Quatuor de Beethoven, vous connaissez ? J’ai bien cru que ça y était mais non, j’ai alors placé dans mon Panthéon la Rhapsodie pour Contralto, Chœur d’Hommes et Orchestre de Brahms puis c’est Schubert avec ses Moments musicaux qui s’est imposé. Puis les variations Goldberg de Bach par Glenn Gould. Vous notez au passage que j’avançais vers le dépouillé : difficile de faire plus dépouillé que Glenn Gould ! Ah si, Monk, dans ses toutes dernières années quand il s’est emmuré dans le silence ne s’exprimant qu’avec son piano. Mais tout ça n’était que de la musique en conserve, aussi belle soit-elle... Et le but ultime, la note qui vous transperce, la note bleue pour qui plus d’un jazzman aurait vendu son âme au diable, elle n’était pas encore venue.... En concert, le live, comme ils disent, j’ai éprouvé de grands frissons avec Renaud Garcia-Fons ou encore Bobby Mac Ferrin ou Louis Sclavis et bien d’autres, vous savez, ces moments où le silence dans la salle est si tendu qu’on entend respirer l’interprète et qu’on croit entendre vibrer son âme...
Mais ma quête n’est pas finie. Peut-être la recevrai-je, cette note, au moment où je m’y attendrai le moins... Chaque matin, je me lève, prêt à la recevoir. Qui sait, c’est peut-être la Grande Faucheuse qui me l’apportera...