B.F.

jeudi 22 janvier 2009
par  Gérald Castéras
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B.F., ce sont mes belles-filles.

A., ce fut la première. J’étais son prof de je ne sais plus quoi. Mon fils était de son âge. Je trouvais qu’A. avait tout ce qui m’aurait fait tomber amoureux lorsque j’avais l’âge de mon fils. Elle avait de longs cheveux noirs dans lesquels elle s’enfouissait pour rêvasser. Et elle était timide, un peu. Et très intelligente. Un jour, je lui ai demandé si elle voulait devenir ma belle-fille. Elle a souri. Elle a cru que je plaisantais.

L. , son corps était présent en classe quand je faisais cours, mais son esprit était toujours ailleurs. Elle rêvait théâtre, cinéma, littérature. En dehors des cours, on parlait beaucoup, beaucoup. Un jour je lui ai dit que j’aimerais que ma belle-fille lui ressemble. Elle m’a regardé d’un air étonné. Elle n’avait pas vraiment confiance en elle, alors que, moi, j’avais une immense confiance en elle. Elle m’a dit « tu plaisantes, j’espère. » Je n’ai pas répondu.

S., c’est elle qui a demandé à Roselyne : « Madame, vous voulez pas devenir ma belle-mère ? » C’était la beurichonne de la classe. Une pure beurette née à Saint Amand et n’ayant eu que le Berry comme horizon. Je la voyais parfois dans la cour, dans les couloirs. Elle me faisait des politesses de princesse du sang. Elle était belle et vive. Roselyne lui a répondu qu’elle devrait négocier ça elle-même avec l’intéressé, sans son entremise. Elle a dit : « c’est dommage, madame, ma parole, j’aurais bien aimé. »

M., je ne lui ai pas demandé si elle voulait devenir ma belle-fille mais j’aurais dû. Je l’ai rencontrée plusieurs fois, dans des salons (littéraires, bien sûr). Ses parents sont éditeurs. Qualité qui à mes yeux venait couronner ses autres vertus physiques et morales, abondantes et affirmées. Mon fils n’a jamais mis les pieds dans un salon et ne le fera jamais, je pense. M. a très peu de chances de réaliser mon rêve d’être son beau-père.

Inutile de dérouler la liste entière, cela prendrait des pages et des pages.

Ce qui est sûr, c’est que je cherche bien plus activement une belle-fille que mon fils ne cherche une fiancée. On pourrait analyser ce comportement comme une perversion. Mais je vous assure qu’il n’en est rien. Je rêvais d’avoir une fille. Je n’en ai pas eu. Je rêve maintenant d’en avoir une par procuration. Et assez rapidement, pour pouvoir un peu en profiter.

J’ai maintenant la conviction que la satisfaction de ce désir ne dépend pas de moi.

En attendant, la galerie de mes belles-filles putatives s’accroît. Idéales et parfaites. Si elles le devenaient, le resteraient-elles ?


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