M.

vendredi 30 janvier 2009
par  Gérald Castéras
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J’ai rencontré Maram El Masri à Bourges. Séance de clôture du Salon de la petite édition. Pour lire, elle s’est parée : caftan blanc, ceinture d’or, boucles d’oreille, chevelure noire tressée. Elle connaît ses poèmes par cœur. Elle les susurre en arabe dans le micro. Quelqu’un lit les traductions après elle.

...

_ Elle a dit :
oui, je l’ai dévoré…
J’étais affamée
comme un homme…
Et comme un homme
mon désir l’a renversé,
paré de sa virilité.

_ Je ramasse en silence
les larmes du plaisir…
J’efface toute trace de mon passage
et t’abandonne, inconscient de mon départ,
cadavre encore chaud

Elle est née en Syrie. Poète reconnue dans les pays arabes et ailleurs. Interdite dans son pays : elle qui parle du plaisir avec légèreté et pudeur, les aboyeurs de Dieu la traitent de débauchée. Une femme ne se doit qu’aux casseroles et aux balais.
Son mari aussi l’a rejetée lorsque, ses fils élevés, devenus adultes, elle a voulu se remettre à écrire, et recommencer ses tournées de lecture. Elle pleure en disant ça.

...

_ Comme qui ramasserait
un mouchoir en papier
pour en faire une boulette,
en habitué
insensible à ses souffrances ,
et pour l’envoyer
dans la gueule
béante
de la corbeille…
tu me jettes hors de ton lit…

...

Elle écrase du doigt ses larmes. Elle repart dans un grand rire. Elle s’est changée. Elle porte un jean, un blouson et un bonnet de fourrure. Elle ressemble à une Russe. Elle dédicace ses recueils. Elle embrasse les auditeurs. Elle est souriante.

On lui donnerait vingt ans. La poésie est une cure de jouvence…

(poèmes extraits de Je te regarde éditions Al Manar 2007)


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