R.de R.

jeudi 12 février 2009
par  Gérald Castéras
popularité : 27%

En abrégé Réflexions de Retraités

Roselyne me dit ce matin : « C’est très curieux, quand Alain (Alain, c’est le copain qui nous a installé gracieusement l’électricité dans la grange : hier il était notre invité avec Momo, sa copine, et Martine la sœur de sa copine) a dit hier : « les gens ont une piètre opinion de nous », j’ai mis très longtemps à comprendre que ce nous désignait les enseignants. »
Je ne sais si vous arriverez à lire facilement cette mise en abîme de citations (phrase d’Alain dans phrase de Roselyne dans réflexion de Gérald dans feuilleton de l’hiver). En tout cas, c’est la première réflexion de retraité que je voudrais noter. Je ne me rappelle plus du tout, comme Roselyne, qu’il y a moins d’un an, j’étais enseignant. En l’espace de quelques mois, Roselyne et moi avons effacé quarante ans de notre vie. Plus aucune conscience d’avoir été enseignant. Plus aucun souvenir qu’à ce métier nous avons consacré la majeure partie de notre existence. Bizarre…

Deuxième réflexion sur notre récent état de retraité. Nous avons brusquement déserté la fréquentation de la jeunesse. Etre enseignant oblige à fréquenter constamment des jeunes (fréquenter est un terme ambigu : côtoyer, avoir un œil sur, garder l’oreille sur, seraient des termes plus exacts). Les enseignants retraités ne coupent d’ordinaire pas le lien avec la jeunesse car ils continuent de fréquenter les amis de leurs enfants, ils ont le contact avec leurs petits-enfants atteignant l’âge des jeunes qu’ils avaient l’habitude de fréquenter en classe. Pour nous, il n’y a pas continuité. Jean Baptiste ne fréquentant ni amis ni amies, ne nous ayant « fourni » encore l’accès à aucune jeunesse d’aucune sorte, nous voilà réduits à fréquenter des vieux quasi exclusivement, à de rares exceptions près. Et quand nous allons au spectacle, à Bourges, c’est pour nous retrouver dans des salles occupées à 99% par des retraités. Nous faudra-t-il « acheter des emplois-jeunes » pour garder un œil sur la jeunesse ?

Troisième réflexion. Je me disais, quand tu seras à la retraite, tu voyageras sans arrêt. Et je constate que je voyage plus en esprit qu’en réalité. Il me faudrait du temps pour voyager (j’en ai encore moins que lorsque j’enseignais…) et de l’argent (sur cela, glissons). Sans compter que les voyages en esprit (écriture, lecture, spectacles) sont bien plus riches et variés et reposants que les autres, de voyage. Et bien moins polluants.

Ultime réflexion, confortée par la vision il y a peu du film d’Agnès Varda (les plages d’Agnès) : la retraite n’est pas le temps du renoncement. On y voit Varda fêter ses quatre-vingt ans en réalisant un film d’une liberté absolue. Moi qui ai passé ma vie à écrire, ce n’est pas maintenant que je vais renoncer. J’aimerais bien écrire à quatre vingt ans un livre d’une folle liberté que les éditeurs refuseront avec autant d’ardeur et de conviction que tous ceux qui auront précédé. J’y travaille avec ardeur, et régularité. Comme un jeune retraité.


Agenda

<<

2024

 

<<

Avril

 

Aujourd'hui

LuMaMeJeVeSaDi
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
293012345
Aucun évènement à venir les 6 prochains mois

Brèves

8 janvier 2009 - AVIS !

Si vous voulez écrire dans la rubrique Choses (...)