Dans le Monde 2 de la semaine dernière, un article intéressant traite des nanotechnologies qui seront dans les vingt ou trentes prochaines années ce qu’ont été les nouvelles technologies de l’information (dont Internet et les Trimailleurs !) ces vingt dernières années. Et toute nouvelle invention scientifique s’accompagne de réflexions éthiques et sociales. Dame, il faut bien camoufler les montagnes de profits derrière quelques fagots de bons sentiments. Je vous livre, tout cru, le dernier paragraphe de l’article, qui plaira sans doute au copain de Renaud, celui de la voie du Milieu (In medio stat virtus, disait déjà Socrate).
Dans son livre, Petite métaphysique des tsunamis (Seuil, 2005), le philosophe français Jean-Pierre Dupuy offre cette énigme en forme de koan zen :
« Un malin génie rendit visite au premier ministre d’un certain pays et lui proposa le marché suivant : “Je sais que votre économie est languissante. Je suis désireux de vous aider à la raffermir. Je puis mettre à votre disposition une invention technologique fabuleuse, qui doublera votre production intérieure brute et le nombre d’emplois disponibles. Mais il y a un prix à payer. Je demanderai chaque année la vie de 20000 de vos concitoyens, dont une forte proportion de jeunes gens et jeunes filles.” Le premier ministre recula d’effroi et renvoya son visiteur sur-le-champ. Il venait de rejeter l’invention de l’automobile. »